Page 30 - Cahier école de la SRF 4
P. 30
de le faire en concertation avec le réalisateur et le monteur parce que ça participe de la
perception globale du film, donc de la mise en scène. Le monteur parole a un rôle essentiel
mais qui doit être coordonné avec les autres. Je prends l’exemple du montage parole mais
je pense que cela s’applique partout ailleurs, au montage son, au bruitage, au mixage...
Transmettre le travail ne peut pas se faire à la va-vite, c’est une nécessité.
Pascale Ferran
J’aimerais prolonger ce que tu viens de dire en le formulant un peu différemment. Sur mes
propres films, je suis obsédée par ce que j’appelle « la culture du film ». Au cours de la
préparation puis du tournage, le réalisateur avec ses plus proches collaborateurs
va accéder progressivement à cette culture du film, c’est-à-dire à tout ce qui n’est
pas écrit dans le scénario mais qui est souterrain, toutes sortes de partis pris dont
on n’est pas forcément conscients mais qui nous permettent d’opérer des choix en
permanence. Parfois on croit qu’on joue certaines décisions aux dés parce qu’on est pris
par le temps, mais en réalité cette culture du film a infusé et influe sur nos décisions.
Au moment où l’on arrive en post-production, il se passe une chose particulière : une fois
que le monteur a dérushé avec le réalisateur et qu’il a commencé à monter, non seulement
il acquiert cette culture du film mais il en devient également co-dépositaire. Il accède à
une connaissance intime du film, qu’il partage avec le réalisateur mais qu’il exprime
différemment. Et parfois la façon dont il formulera les choses sera plus aisée à comprendre
par tous les autres collaborateurs de la post-production, parce que ça viendra traduire
Lady Chatterley, Pascale Ferran (2006) – Advitam Distribution
30