Page 25 - Cahier école de la SRF 4
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collaborer et à assurer une continuité entre les différentes phases de la post-production.
La parcellisation du travail s’est tellement généralisée que de nombreux
techniciens et cinéastes ont perdu de vue ses conséquences sur les enjeux
artistiques des films. Pourtant, les besoins des films n’ont pas changé.
Alice Diop
Quand j’ai découvert le Livre Blanc , je me suis rendue compte de l’ampleur des
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dégradations structurelles des conditions de travail. J’étais frappée également par le peu
de réactions de la part de mes collègues cinéastes, comme s’il ne s’agissait pas de nos films,
comme si les enjeux de la post-production étaient dissociés des enjeux artistiques. Je viens
du cinéma documentaire où le travail de post-production n’est pas du tout semblable à
celui du cinéma de fiction en termes de durée, d’ampleur ou de budget. J’ai eu un jour une
mauvaise expérience qui m’a permis de constater le bon sens des préconisations du Livre
Blanc.
Mon film se situait à la frontière entre le documentaire et la fiction et il nécessitait un
travail de post-production plus important que sur mes précédents films. La question du
son notamment était fondamentale. Au montage, tout s’est bien passé : j’étais très entourée
par la monteuse et les producteurs. Mais à partir du moment où le film est entré en
montage son, j’ai eu le sentiment d’une grande solitude. Il s’était passé six mois entre le
montage et le montage son parce que le budget de la post-production n’avait pas été
entièrement trouvé, ce qui n’a pas facilité la transition. Nous n’avons pas eu de réunion
entre producteurs, monteur image et monteur son. Nous n’avons pas travaillé à partir
1- Livre Blanc de la post-production cinéma (février 2019) issu des États généraux de la post-production cinéma et coédité par
l’ADAP, l’ADM, l’AFSI et LMA.
La mort de Danton, Alice Diop (2011) – Mille et une nuit
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