Page 33 - Cahier école de la SRF 4
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place de la chaîne de travail à l’image et au son, en s’assurant de sa cohérence. En principe,
il est déjà là pendant le tournage, c’est lui qui synchronise les rushes. Il avertit donc
d’éventuels problèmes techniques à l’image et au son. Il visionne les rushes et acquiert
ainsi une connaissance de la matière qui va être le point de départ de discussions avec le
réalisateur, avec le monteur, mais aussi avec toute l’équipe du film.
Pendant le montage, nous, les assistants, on décharge le monteur pour lui permettre de
se concentrer sur son travail. On s’occupe de toutes les tâches techniques et on assure
une partie de la communication avec l’équipe. On est une source d’informations précieuse
pour le directeur de post-production puisqu’on est là à travailler aux côtés du monteur.
On aide aussi à anticiper les étapes de la post-production. On aura par exemple listé tous
les effets spéciaux du film et on va pouvoir repérer avec le monteur quelle maquette il sera
intéressant de demander aux VFX en vue d’une projection importante. Lorsque le montage
est avancé, on va répercuter chaque modification de montage sur toute la chaîne de
l’image et du son. On a aussi les mains dans la copie de travail : on peut prémonter des
séquences, chercher des sons provisoires pour le confort des projections ou maquetter des
musiques.
Quand on n’est pas là, le monteur se retrouve à devoir faire tout ça. Ça m’est arrivé d’être
employée dix semaines sur un long métrage, sans réel planning et au coup par coup. C’était
le laboratoire qui synchronisait les rushes donc je ne connaissais pas la matière, je n’étais
pas présente aux réunions de travail, je n’avais en mémoire aucune des décisions de
montage. Je n’avais donc aucune possibilité d’anticiper mon travail ou de faire un suivi
pour le reste de l’équipe.
Parfois, on me fait revenir une ou deux journées pour des sorties à la fin du film. Le
lendemain, ça ne rate jamais, j’ai un mail ou un coup de fil parce que, par exemple, il va
falloir une pelure différente que celle que j’ai donnée aux VFX, ou un double pour le
monteur son à la demande du réalisateur. Le temps que je revienne, tout le monde a perdu
du temps.
Pascale Ferran
J’aimerais rebondir sur une chose qui peut paraître accessoire alors que ça me paraît
essentiel. Pour moi, un des rôles décisifs de l’assistant monteur, c’est d’être présent quand
on regarde une étape de montage. On a travaillé comme des brutes pendant deux ou
trois semaines pour atteindre quelque chose. À un moment donné, on ferme toutes les
portes, on met des affiches « ne pas entrer sous peine de mort », on décroche les téléphones
et on regarde enfin et pour la première fois ce qu’on a fait. Et on le regarde avec
l’assistant parce qu’à trois, on voit mieux qu’à deux. S’il est là depuis le début et qu’il a un
rapport personnel au film, c’est un spectateur précieux car il a le nez moins collé sur ce
qu’on est en train de faire et qu’il conserve une certaine fraîcheur. Avant, il y avait aussi le
stagiaire en plus de l’assistant. Ce que je veux dire, c’est qu’un film est quand même fait
pour arriver à des spectateurs ! Des projections-test ne me semblent pas toujours
indispensables, même si
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