Page 34 - Cahier école de la SRF 4
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Vincent n’a pas d’écailles, Thomas Salvador (2015) © Laurent Thurin Nal – Le Pacte
j’ai pu en faire pour certains de mes films avec une dizaine de personnes bienveillantes
pour vérifier qu’elles comprenaient ce qu’on cherchait à raconter. En revanche, l’idée que
ça fasse équipe et que l’assistant participe à ces projections de travail, ça me paraît
extrêmement important. Être chacun de plus en plus seul face à l’objet ne rend pas
justice au dialogue que doit ensuite opérer le film avec les spectateurs dans la salle.
Olivier Do Huu
C’est aussi à vous, jeunes metteurs en scène à qui l’on va proposer cette nouvelle
organisation économique, de revenir dans les salles de montage, de bruitage ou de mixage.
C’est à vous de prendre ce pouvoir qu’on vous donne ! Tout va être fait pour que ça ne soit
pas possible, à commencer par le planning. Certains de vos collaborateurs vont vouloir
vous en dissuader en vous disant que ça n’est pas la peine, qu’il vaut mieux voir le truc
fini... Quand on vous dit ça, en fait, on vous dit que le film, ce n’est plus le vôtre.
On se sert de machines complexes et incompréhensibles. Vous devez demander, essayer
de comprendre ce qu’on fait, pourquoi on le fait, etc. Ça devient passionnant parce que
vous pouvez réagir à ce qu’on construit. Bien sûr, il faut que les conditions soient réunies.
Si on fait ça dans une petite salle de montage avec trois enceintes, ça ne marchera pas.
Mais si on est dans les conditions normales d’un auditorium qui restitue à peu près le son
d’une salle de cinéma, et que tout le monde entend la même chose, au même moment,
alors là, ça peut devenir un échange. Vous avez une place forte en tant que réalisateur.
Vous êtes le seul poste qui reste qui peut demander la lune ! C’est ça qui va vous permettre
de ne pas être dépossédé de votre film.
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