Page 27 - Cahier école de la SRF 4
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en 35mm tous les jours dans sa salle de cinéma. Mais la réalité est tout autre dans nos
économies de cinéma d’auteur français.
J’ai eu la chance de travailler, pour mon premier film, avec une directrice de post-
production qui connaît ce plaisir de la fabrication. Elle a été longtemps régisseuse puis
assistante de production sur de très gros films comme sur des petits. On a pu penser en
amont la spécificité de ce film : premièrement, je joue dedans. Je ne suis pas acteur et j’ai
eu besoin de temps pour apprivoiser ces rushes. Deuxièmement, mes films sont peu
bavards et tiennent sur un fil de narration ténu. Ma grande fierté, c’est de constater
l’intensité de l’empathie que pouvaient avoir les spectateurs envers ce personnage dont
on ne sait quasiment rien et qui ne se définit que dans l’action. Cela devenait possible par
le travail du son. Nous avons par exemple travaillé les zones de respiration du renard
comme un dialogue : je me tourne à l’instant vers Olivier Do Huu qui a fait le mixage. Sans
son travail, il y aurait juste un renard.
Le personnage du film nage beaucoup. On a enregistré le bruitage pendant deux semaines
en plaçant une piscine gonflable dans l’auditorium. C’est un très bon souvenir ! Aucun son
direct n’était possible dans ce film dont les trois quarts se déroulent dans l’eau. Quasiment
l’intégralité du son a été recréée. C’est un vrai plaisir que d’inventer quelque chose qui
n’existe pas. Car on ne peut pas s’inspirer d’un son déjà existant pour un type qui nage à
trente à l’heure et qui fait des sauts de dauphin à un mètre cinquante de l’eau ! Le dauphin
réel est hydrodynamique tandis que le type produit vachement d’écume ! Il nous fallait
trouver un équilibre, rendre compte de la vitesse sans tricher. On a expérimenté avec des
sacs plastiques, des écumoires, des bambous... Pascal Chauvin a passé une semaine dans
la piscine avec la combinaison du personnage. En regardant le film, les gens ont cru que je
nageais réellement bien alors que si je savais nager comme le héros, je serais triple
champion olympique !
Sachant que ça n’est pas un film qui avance par sa dramaturgie ou par l’aspect
psychologique de son personnage, on a eu la présence d’esprit de penser en amont les
treize ou quatorze semaines qui s’avéraient nécessaires pour travailler le son en post-
production. Sur ces semaines, on compte deux semaines de bruitage et trois de mixage.
Tout était bien anticipé dans le budget et le planning.
Sandy Notarianni
Les productions ont la fâcheuse tendance à vouloir imposer des grilles de fabrication. Pour
un film d’une heure et demie, il faudrait huit semaines de montage son ou trois semaines
de mixage alors qu’en réalité, tout dépend du film. Sur le film de Thomas Salvador, la
production s’est adaptée au projet. On se bat tout le temps pour ça. Il y a aussi des films
qui ont besoin de moins de montage son ! C’est important de lâcher les grilles
préétablies car elles gênent la post-production.
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