Page 32 - Cahier école de la SRF 4
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On fait soi-disant des économies : c’est complètement faux et je peux vous donner des
exemples ! On fait des films avec des effets spéciaux non terminés sur fond bleu, où on
nous dit : « bon ben là vous bruitez et on verra après ». Mais quand les effets spéciaux sont
faits, on est obligé de recommencer quatre jours de bruitage : je ne vois pas où est
l’économie et c’est très fatigant.
Le bruitage est un métier qui va se perdre. Il n’y a pas d’école pour l’apprendre, il y a peu
d’assistants qui se forment. Pour apprendre le métier, il faut passer par l’assistanat, mais
on essaye de balayer les assistants. C’est pourtant très important d’en avoir un. Il prépare
le matériel mais il aide aussi moralement, il donne des idées, on communique. C’est ce
qu’on a perdu : la communication.
Mathilde Muyard
Économiquement, c’est une absurdité de bruiter tout à l’aveugle alors qu’avec le
réalisateur ou le monteur, on ferait des choix. À chaque étape, on doit faire des choix.
Pascal Chauvin
Je vais prendre un exemple. Michael Haneke, lui, il est là H24. Il porte le casque, il écoute
et il décide. Il y a des choses qui étaient prévues et que finalement, on ne fait pas parce
qu’il trouve qu’elles sont bien dans le direct. Ce genre de choix, c’est du gain de temps. Le
réalisateur sort de deux semaines de bruitage content et satisfait. Avant, tous les
réalisateurs faisaient comme ça. La monteuse image était là aussi, elle assurait le relais
entre le bruiteur et le réalisateur quand celui-ci ne pouvait pas être présent. Aujourd’hui,
on nous demande de bruiter derrière une musique permanente... Ce sont des choses que
je ne comprends pas.
Mathilde Muyard
Loanne, tu es assistante monteuse depuis huit ans. Tu as travaillé sur des films bien
financés et d’autres plus précaires, ce qui t’a amenée à travailler en continu sur certains
films et au coup par coup sur d’autres. Sans rentrer dans les détails du travail de l’équipe
de montage, on peut faire une constatation de base : tout le travail que ne fait pas
l’assistant monteur revient au monteur. C’est donc une aberration économique,
une perte d’énergie et de concentration pour le monteur que de supprimer ou
réduire l’emploi de l’assistant. Peux-tu nous parler de l’importance de son rôle dans le
suivi et la cohérence de la post-production ? Et pourquoi est-ce un rôle qui ne peut pas être
remplacé par le directeur de post-production, aussi compétent soit-il ?
Loanne Trévisan
C’est vrai qu’un assistant, c’est un référent pour le monteur mais aussi pour toute la post-
production. Il est présent dès le début aux réunions de travail et il participe à la mise en
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