Page 12 - Cahier école de la SRF 4
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J’aime aussi le côté subversif de la comédie. Elle peut entraîner le spectateur vers des
personnages qu’il aurait peut-être ignorés autrement. Par exemple, j’adore les
personnages d’outsiders. Ceux qu’on n’attend pas, qu’on laisse dehors, qui n’ont pas le droit
d’en être. C’est ce que j’aime énormément dans le cinéma de Chaplin, par exemple. Le mec
à qui on interdit d’être là et qui essaye malgré tout. Pas le marginal mais l’outsider, celui
qu’on bloque à la porte et qui passe par la fenêtre.
Avec Louis C.K. aussi j’ai découvert un auteur passionnant. Quand je suis tombé sur sa
série, je n’avais jamais vu ça, cette façon d’étirer le temps. Je me suis demandé comment
cet artiste arrivait à reproduire, épisode après épisode, quelque chose d’aussi personnel et
drôle. Ça m’a ébloui. On n’a pas encore dit à quel point ce qui est beau, dans la comédie,
c’est qu’elle est démocratique. Elle doit s’adresser à tous. Si je l’aime autant, c’est qu’elle
est large. C’est très clair chez Louis C.K. Il part de quelque chose de secret, d’intime et le
transmet au plus grand nombre d’une façon inventive, crue et tellement efficace.
La Tour Montparnasse infernale, Éric Judor (2001) – StudioCanal
Éric Judor
Je ne m’imagine pas essayer de faire rire seul. Dans Platane, j’ai Flex, j’ai toujours un
partenaire avec lequel je crée quelque chose, une relation. Je trouve ça infiniment triste
de faire un numéro tout seul. Il faut que je déconne avec quelqu’un, que je rebondisse sur
quelque chose, sur de la matière faite de chair et d’os.
Axelle Ropert
Pourquoi est-il difficile d’imaginer un double d’épouse comique, quand on est un comique
masculin ? C’est quelque chose qu’on voit aussi dans les comédies américaines, où souvent
les épouses sont ultra conventionnelles.
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