Page 17 - Cahier école de la SRF 4
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Après vous, Pierre Salvadori (2003) – Pelleas Films
Catherine Corsini
Ce ne sont pas des comédies pures ?
Pierre Salvadori
Je suis obsédé par l’idée de la comédie pure. Je pense souvent, par exemple, à des films
comme The Party, de Blake Edwards ou Deux en un, des frères Farrelly, qu’on pourrait
considérer comme des comédies pures. Mais ce n’est pourtant pas totalement vrai : ça
part de personnages qui sont douloureux, qui sont empêchés et qui veulent accéder à
quelque chose. The Party, c’est l’histoire d’un outsider. C’est un mec à qui on dit : « Plus
jamais tu ne travailleras. Tu es sur liste noire. » Mais ils se trompent et le collent sur la liste de
ceux qui ont le droit d’en être. Il atterrit dans la soirée la plus branchée d’Hollywood, où il
fout la merde. On est mis du côté de ceux qui sont écartés, de ceux qui ne sont pas comme
il faudrait. C’est la même chose pour les frères Farrelly avec Deux en un. L’histoire de deux
frères siamois dont l'un veut faire carrière à Hollywood. Très drôle, très audacieux et
émouvant. Pas sentimental mais tellement émouvant.
Éric Judor
Je pense que parfois, on intellectualise trop certaines comédies qui sont des élans joyeux.
C’est comme dans Dumb and Dumber des frères Farrelly. Ce sont deux débiles qui perdent
leur job, qui sont menacés par des mafieux, des loosers encore une fois, qui vont courir
après l’amour. Quand je regarde Dumb and Dumber, qui est ma madeleine de Proust en
comédie, je le regarde toujours en étant mort de rire, sans avoir le sous-texte de tout ça.
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