Page 11 - Cahier école de la SRF 4
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Platane saison 1 (2011) ©Tibo & Anouchka : 4 Mecs en Baskets – Canal+
Catherine Corsini
Pierre, je suis venue plusieurs fois te voir au montage, et il y a quelque chose qui est
complètement obsessionnel dans ce que tu recherches, dans la façon de faire rire, dans
l’exactitude par rapport à ce que tu as écrit. Tu mets parfois des années à monter tes films.
Je suis venue te voir quinze fois, trente fois et tu étais tout le temps en train de monter la
même scène.
Pierre Salvadori
Ce que je trouve très beau dans la comédie, c’est qu’il y a une promesse de drôlerie,
d’efficacité comique envers le spectateur. On doit tenir cette promesse. Une
comédie pas drôle c’est quelque chose d’obscène ou de gênant. Comme être surpris en
flagrant délit de mensonge. Cette efficacité est difficile à obtenir : action, réaction, timing...
On a rarement tout en une prise au tournage. Il faut souvent reconstruire au montage.
Surtout dans mes films où c’est souvent la scène qui provoque la drôlerie et pas une
performance comique.
J’ai ce truc un peu obsessionnel, l’idée d’une scène, de ce qu’elle doit produire, et je cherche.
On confond rythme et vitesse alors que la vérité est ailleurs, parfois dans la lenteur ou
même le silence. Il y a quelque chose que toi, Eric, tu exploites extrêmement bien : c’est la
gêne, le malaise et souvent j’ai l’impression que tu ralentis la scène au montage comme
pour démultiplier l’embarras. Et c’est hyper efficace. Décomposer, distendre le montage,
c’est très intéressant parce qu’on croit que la comédie c’est forcément la rapidité, mais
quand on regarde Platane par exemple c’est pas du tout ça, c’est jouer avec le temps,
avec l’attente. J’aime la lenteur, mais aussi le malentendu ou le décalage.
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