Page 44 - Cahier école de la SRF 4
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Yann Gonzalez
                  Y a-t-il des images qui vous viennent directement de vos rêves ou de vos cauchemars ?



                  John Carpenter
                  Oui, bien sûr. Certaines images s’impriment pendant la nuit et ne me quittent pas.


                  Yann Gonzalez
                  Je pense par exemple à des images frappantes comme celle dans Prince of Darkness où
                  l’on voit Satan sur le parvis d’une église en image VHS. Il s’agit d’une image lointaine qui
                  fait très peur. Est-ce que cette image-là vous vient d’un de vos cauchemars ?




                  John Carpenter
                  Prince of Darkness vient de mon ras-le-bol de faire des films de studio. À l’époque, je n’en
                  pouvais plus et je dévorais les films de Dario Argento. Je lui enviais sa liberté de réaliser
                  des films complètement dingues. J’ai décidé de prendre cette même liberté et de faire le
                  cinéma d’horreur que je voulais.



                  Yann Gonzalez
                  Dario Argento est comme vous un maître des films d’horreur des années 1970-1980.
                  Argento, Cronenberg ou De Palma filmaient beaucoup la question du sexe et du désir,
                  tandis que vous êtes resté pudique sur ce point.



                  John Carpenter
                  Vous citez de grands maîtres. Il y a aussi George Romero qui a inventé le genre du film de
                  zombie, qu’on voit partout aujourd’hui. Tobe Hooper, avec Massacre à la tronçonneuse, a
                  réalisé un film de comédie d’horreur. Ces réalisateurs étaient de véritables pionniers dans
                  le cinéma d’horreur.


                  Yann Gonzalez
                  Vous êtes également pudique au niveau des émotions bien que vous ayez réalisé Starman,
                  grand mélo de science-fiction. S’agit-il pour vous d’un film un peu à part ?



                  John Carpenter
                  Oui, absolument. J’étais un cinéaste classé horreur quand on m’a fait cette proposition de
                  comédie romantique. Je me suis dit qu’il fallait que je saisisse cette opportunité parce que
                  je n’aurais sans doute plus jamais l’occasion de faire un film de ce type. J’en suis très fier. Il
                  représente le John Carpenter romantique que je cache à tout le monde !


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