Page 47 - Cahier école de la SRF 4
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Yann Gonzalez
Quand intégrez-vous généralement la musique dans le processus de création ? Au scénario,
à la mise en scène, au montage ?
John Carpenter
J’utilise la musique comme un renfort en dernier lieu. Lorsque le montage est terminé,
qu’on a décidé du final cut, à ce moment-là je me demande quel passage du film a besoin
de la musique pour être amplifié. La musique est pour moi un élément fonctionnel, elle
sert à dramatiser le film.
Yann Gonzalez
Quelles étaient vos influences musicales quand vous avez commencé à composer ? Je pense
par exemple à la musique minimaliste de Terry Riley, Philip Glass ou Steve Reich.
John Carpenter
J’ai d’abord été influencé par les compositeurs des grands classiques hollywoodiens comme
Dimitri Tiomkin. Par la suite, j’ai écouté Tangerine Dream et je me disais que si eux pouvaient
le faire, moi aussi : apportez-moi un ordinateur et je m’y mets ! Le synthétiseur permet de
composer avec peu de moyens un son amplifié plus complexe que le piano. C’est un réflexe
d’étudiant sans le sou.
Katell Quillévéré
Vous semblez attaché au thème musical, ce qui a plutôt disparu du cinéma d’horreur
contemporain et a été remplacé par les potentialités du sound design. On entend dans
votre musique quelque chose de mélodique et de mélancolique alors qu’aujourd’hui, le son
dans le genre du cinéma d’horreur est davantage tourné vers l’efficacité.
John Carpenter
Je ne sais pas, je ne vais pas souvent voir de films récents mais je suppose qu’ils ont tous
des thèmes musicaux. Il y en a un dans les Avengers aussi, non ? Je pense qu’on ne
réinvente pas la manière de réaliser des films, c’est toujours la même chose. Alors
évidemment, les gens changent, la technique évolue mais au fond, ça reste pareil :
on écrit, on tourne, on monte. Les accents se déplacent mais le processus de base reste.
Katell Quillévéré
En tout cas, tout le monde ici pourrait chanter par cœur le thème d’Halloween alors qu’on
n’a aucune idée du thème des Avengers!
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