Page 43 - Cahier école de la SRF 4
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Katell Quillévéré
                  Rob Bottin était jeune à l’époque : il avait vingt-deux ans quand vous lui avez confié votre
                  monstre. Est-ce que vous déléguez facilement ? Est-ce que le collectif est important pour
                  vous dans le cinéma ?


                  John Carpenter
                  Je délègue quand je ne sais pas faire moi-même. Si je pouvais, je ferais tout ! Je peux
                  toujours faire les lumières d’une scène mais le résultat ne sera pas convaincant donc je
                  préfère embaucher un chef opérateur. Le principe du cinéma, c’est de trouver des
                  professionnels meilleurs que vous pour qu’ils apportent le meilleur d’eux-mêmes à
                  votre film.


                  Yann Gonzalez
                  Comment travailliez-vous avec Dean Cundey, votre premier chef opérateur ? Est-ce que
                  vous prépariez tout en avance ou bien est-ce que vous improvisiez pendant le tournage ?



                  John Carpenter
                  Avant même que les acteurs soient maquillés et habillés, je les fais venir sur le plateau et
                  on fait une sorte de répétition pour nous aider, avec le chef opérateur, à repérer les
                  mouvements. Je leur demande de se déplacer dans le décor et je choisis les angles en
                  fonction. Quand ils partent ensuite se maquiller, on fait les réglages nécessaires. On m’a
                  appris à préparer le plateau entièrement avant le début du tournage pour n’avoir
                  plus qu’à mettre en scène ensuite.


                  Katell Quillévéré
                  Vous suivez donc la méthode de mise en place avant le tournage. Ceci dit, on retrouve
                  quelque chose de tout à fait singulier dans votre réalisation qui fait qu’on peut entendre
                  dire,  ailleurs,  que  tel  aspect  d’un  film  est  «  carpenterien  ».  Un  des  plans  qui  vous
                  caractérise, c’est le plan fixe, large et vide ; un plan qui préexiste à tout et dans
                  lequel entre le personnage. Savez-vous d’où vous vient cette image ?



                  John Carpenter
                  Franchement, je n’en ai aucune idée. Notre façon de faire en tant que réalisateur est
                  intuitive. C’est pour cette raison que c’est agréable de voir les réalisations des autres : on
                  remarque les différences avec notre propre façon de travailler. Vous m’apportez un autre
                  regard sur mon propre travail et vous en relevez le style. Si cela vous plaît, j’en suis ravi !







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