Page 41 - Cahier école de la SRF 4
P. 41

John Carpenter
                  Oui, complètement. Je me situe à la marge, je ne suis pas fait pour le moule des studios. Je
                  me suis toujours considéré comme un électron libre. Je ne sais pas faire du réseau, aller
                  aux fêtes, rencontrer des gens. En revanche, ce que l’on m’a appris à l’école de cinéma,
                  c’est qu’il faut se battre pour imposer sa vision. Je me suis bien tenu à cette leçon
                  et j’ai souvent dit : « Bas les pattes ! C’est mon film et c’est moi qui sais ce que je vais en
                  faire ».


                  Katell Quillévéré
                  Est-ce que vous avez eu le final cut sur The Thing?



                  John Carpenter
                  Oui je l’ai eu, comme sur la plupart de mes films, mais ça n’a pas toujours été simple. Les
                  Américains ont tout fait pour que les réalisateurs ne l’aient pas. Les Français ont de la
                  chance de l’avoir systématiquement. De notre côté, il faut à chaque fois batailler pour
                  l’obtenir.


                  Yann Gonzalez
                  Vous avez travaillé avec de grandes productrices, comme Debra Hill ou Sandy King ici
                  présente, avec qui vous avez développé des liens d’amitié forts : cela vous a-t-il donné une
                  plus grande liberté pour réaliser vos films ?



                  John Carpenter
                  Oui, absolument. On cherche à travailler avec des gens en qui on a confiance. La
                  confiance est centrale dans la réalisation d’un film.


                  Katell Quillévéré
                  La fin de The Thing est particulièrement noire, apocalyptique. Comment obtient-on l’aval
                  d’un studio pour une telle fin ? Est-ce que vous vous êtes battu pour la faire ?



                  John Carpenter
                  Étrangement, les producteurs avaient lu le scénario sans percevoir le caractère sombre de
                  la séquence finale. Ils m’ont autorisé à la tourner et c’est ensuite qu’ils ont pris la mesure
                  de ce que c’était. Comme à l’accoutumée, on a fait des séances de test : ils ont essayé de
                  couper la fin, ôtant toute la scène de la discussion dans la neige. Mais ils se sont aperçus
                  que ça ne changeait rien au fond parce que ce côté sombre parcourait tout le film, il ne se
                  bornait pas à cette scène. La fin devait être conforme au reste et on est revenus à ce que
                  j’avais tourné initialement.


                                                                                                   41
   36   37   38   39   40   41   42   43   44   45   46