Page 45 - Cahier école de la SRF 4

Yann Gonzalez
C’est pour nous un de vos plus beaux films. On y trouve un personnage féminin fort joué
par Karen Allen.

John Carpenter
Ces personnages de femmes fortes et libres me viennent de Howard Hawks. Elles
n’hésitent pas à mettre le grappin sur les hommes qu’elles veulent. Ça me plaît.

Katell Quillévéré
Vous avez souvent écrit vos films avec une femme. C’est assez original que la personne
qui produit vos films, Debra Hill ou Sandy King, écrive également avec vous.

John Carpenter
Figurez-vous qu’un des pires moments de toute ma carrière a été lorsque la société des
réalisateurs, dont je faisais partie, m’a demandé de faire une présentation dans un festival
de films de femmes. J’y suis allé sans savoir qu’on m’accusait de desservir l’image des
femmes. À peine monté sur scène, j’ai été sifflé par la foule. J’ai quand même tenu bon et
j’ai fait un discours à propos de cette femme qu’on m’avait demandé de présenter. Quand
elle m’a rejoint sur scène, elle s’est moquée de moi ! Je ne sais pas pourquoi je m’étais
embarqué là-dedans.

Katell Quillévéré
Pourtant dans votre cinéma, les héroïnes sont fortes et indépendantes, contrairement à
ce qu’on voit habituellement dans les films de genre, où les femmes prennent surtout des
coups. Je trouve qu’ils vous ont fait un procès erroné !

John Carpenter
Merci !

Katell Quillévéré
Pour en revenir à la fabrication des films... On nous a raconté que votre chef opérateur
pour Halloween, Dean Cundey, conduisait un camion dans lequel il plaçait son matériel.
Le film se situe dans les débuts de l’utilisation de la steadycam, même si on ne l’appelait
pas comme ça à l’époque. La technique que vous avez mise en place alors s’est révélée
extrêmement novatrice. Est-ce que l’invention technique vous tient à cœur ? Kubrick par
exemple se défiait à chaque film de renouveler quelque chose sur le plan technique.

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