Page 57 - Cahier école de la SRF 4
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Baptiste Etchegaray
                  Je vous ai demandé à chacun de me donner une de vos séquences musicales préférées au
                  cinéma. Yann a choisi la séquence d’ouverture de Trois places pour le 26, de Jacques
                  Demy.


                  Yann Gonzalez
                  C’est un film de Jacques Demy qui est assez mal aimé, parce qu’il est un peu excessif.
                  Comme tous les films de Jacques Demy. Il y a une certaine part de mauvais goût dans ce
                  film. Et en même temps, je le trouve particulièrement émouvant et brillant en termes de
                  mise en scène.



                  Baptiste Etchegaray
                  Bertrand a choisi la séquence où Ingrid Caven chante dans La Paloma de Daniel Schmid.


                  Bertrand Bonello
                  Je trouve qu’elle a du génie, de la folie. J’ai eu la chance de l’accompagner un peu. On a fait
                  quelques morceaux ensemble à Pompidou et je trouvais ça dingue ce qu’elle proposait. J’ai
                  filmé un concert d’elle. Elle avait 72 ans à l’époque, maintenant elle en a 80. C’est une
                  chanteuse,  mais  elle  est  avant  tout  musicienne.  Pour  elle,  sa  voix  est  avant  tout  un
                  instrument.  Et  cette  manière  qu’elle  a  de  pouvoir  tout  mélanger,  cette  musique
                  contemporaine avec Mozart, par exemple. On parlait tout à l’heure de la mise en scène de
                  soi pour Saint-Laurent, et je pense que la robe qu’elle porte dans l’extrait que j’ai choisi est
                  de Saint Laurent.


                  Yann Gonzalez
                  Je dois avouer que j’ai moins cette passion pour Yves Montand. Mais je trouvais amusant
                  d’aller chercher un Demy qui n’était pas forcément très aimé. Effectivement, on sent que
                  Demy est un peu dépassé par les années 80, par le mauvais goût des costumes, de la
                  musique – Michel Legrand n’est pas au top de sa forme non plus – et pourtant il y a une
                  espèce de joie à fabriquer cette séquence, une joie de la mise en scène, une joie des
                  danseurs et c’est communicatif. C’est une sorte de feu d’artifice final. C’est triste et beau
                  à la fois.

                  J’avoue qu’à part les films de Demy et les grands films de music-hall américains, je n’ai pas
                  une grande culture de la comédie musicale. Ce n’est pas quelque chose qui me touche.
                  J’adore la musique au cinéma mais les gens qui chantent, généralement c’est compliqué
                  pour moi. Cela pourrait arriver dans un de mes films, mais juste le temps d’une séquence.
                  Tout un film chanté, je crois que je ne pourrais pas.





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