Page 54 - Cahier école de la SRF 4
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au début, mais une fois qu’on a trouvé la première couleur de la musique, tout va très vite.
Le premier thème, par exemple, sur Un Couteau dans le cœur, c’était dur, c’était tendu. On
a mis presque un mois à le trouver. Mais après, tout coulait de source. Trouver la couleur
de la musique par rapport au montage ou par rapport aux émotions des
personnages, c’est quelque chose d’assez magique, on tombe sur la bonne couleur
et on ne la lâche plus, on fait des variations autour de cette couleur.
Écoute d’un extrait de Mon enfant d’Anthony Gonzalez (M83), musique de Les Rencontres
d’après minuit, de Yann Gonzalez.
Yann Gonzalez
Anthony ne travaille que sur des images préexistantes, sur le montage. Il a besoin des
images pour son inspiration. Je ne me souviens pas spécialement de la composition de ce
morceau, mais je me souviens qu’on était partis d’un autre morceau, qui était utilisé pour
une séquence de rêve, avec une jeune fille qui traverse un dédale d’hommes nus et qui
vieillit au fil de cette traversée. C’était un morceau contemporain d’un groupe russe très
sombre. Et c’est toujours la belle surprise d’avoir quelque chose qui emporte le film et qui
va un peu plus haut, un peu plus loin que ce que vous aviez imaginé au départ.
Anthony vit aux Etats-Unis. On se voit donc malheureusement très peu. De temps en
temps, on s’envoie des albums, mais on a longtemps écouté la même musique quand on
était enfants et adolescents. J’écoutais de la musique électro et il me piquait mes albums.
Lui, il était féru de Jean-Michel Jarre, c’était sa grande passion. Il a fini par travailler avec,
des années après, donc c’est plutôt une belle histoire. Il est devenu musicien alors qu’il
était très récalcitrant sur l’apprentissage de la musique. On avait la même prof de piano.
Moi, j’étais très studieux, très bon élève mais pas du tout doué pour la musique, et lui il
fallait lui courir après pour qu’il joue quelques notes mais finalement, c’est lui qui est
devenu musicien, c’est assez drôle.
Il compose surtout pour mes films. Il a aussi fait la musique de Oblivion, de Joseph Kosinski,
avec Tom Cruise et quelques morceaux spécifiques pour un ou deux films américains. Mais
je pense qu’il a du mal avec l’idée de commande. Même si j’ai l’impression qu’il fait quand
même des choses très personnelles avec les musiques de films, il a toujours cette sensation
de commande, il préfère être libre avec ses albums.
Baptiste Etchegaray
On va regarder deux extraits : un film de Yann et un film de Bertrand, qui ont en commun
de se passer dans une boîte de nuit. Dans Un Couteau dans le cœur, l’entrée en boîte de
nuit de Vanessa Paradis, qui préfigure sa rupture avec sa compagne et puis dans Saint-
Laurent, la scène qui se déroule au Sept. En tant que réalisateur, est-ce qu’on prend autant
de plaisir à faire ces scènes-là, que nous, en tant que spectateurs, on en prend à les voir ?
Est-ce qu’il y a, au départ, un vrai désir de tourner une scène en club, comme quand on
s’amuse et qu’on aime sortir ?
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