Page 56 - Cahier école de la SRF 4
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morceau-là particulièrement, parce qu’il me rend absolument dingue. Il y a un truc entre
                  les cuivres un peu James Bond et puis l’énergie, la rythmique, on a l’impression qu’ils
                  vont tous mourir, la chanteuse qui donne tout, c’est un morceau qui m’électrise.
                  C’était évident depuis très longtemps, depuis le traitement, que ce serait le morceau de
                  cette scène. Tous les morceaux que j’utilise sont toujours écrits dans le script.



                  Yann Gonzalez
                  Il faut tomber follement amoureux d’un morceau pour l’inclure dans un film, parce
                  que c’est un morceau qu’on va écouter, réécouter, il ne faut jamais perdre l’émotion de
                  départ, qui doit être très forte. Il faut qu’il y ait vraiment cette espèce de choc émotionnel
                  la première fois qu’on écoute le morceau.



                  Bertrand Bonello
                  Pour moi, une scène n’est pas finie d’être écrite tant qu’il n’y a pas la musique. Si je
                  veux faire une scène de boîte de nuit et que je n’ai pas encore la musique, je n’ai pas trouvé
                  la scène. Je me méfierais, personnellement, d’adorer un morceau et de me dire qu’il faut
                  que ce soit dans une scène car je trouve que c’est la séduction de la musique qui va
                  fabriquer la scène plus que la scène réelle.


                  Yann Gonzalez
                  J’avoue que je suis un garçon très facile, je cède très facilement aux sirènes de la musique.
                  Quand je tombe amoureux d’un morceau, je deviens obsessionnel, je le mets sur mon
                  téléphone et je l’écoute en boucle. Je peux écouter le même morceau, que je vais mettre
                  dans un film, au moins deux cent ou trois cent fois. J’ai besoin que le morceau provoque
                  les stimuli de l’image.


                  Baptiste Etchegaray
                  Est-ce qu’on pourrait imaginer un film de Bertrand Bonello ou de Yann Gonzalez sans
                  musique, comme font les Dardenne par exemple ?



                  Bertrand Bonello
                  J’y songe parfois, mais il y a toujours un moment où je cède à mes démons. Il faut une
                  très grande musicalité pour pouvoir se passer de musique. Par exemple, Robert
                  Bresson a mis très longtemps à ne pas mettre de musique, ça lui a pris douze films avant
                  de l’enlever, il avait 75 ans. La musique raconte quelque chose comme un dialogue et
                  parfois, je préfère passer par le dialogue musical que par le dialogue écrit. Donc pour
                  l’instant, je la garde.





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