Veuillez trouver ci-joint la réponse à l'édito de Pierre-William Glenn dans la dernière lettre de la CST (numéro 146, juillet 2013) http://www.cst.fr/IMG/pdf/lettre8-1.pdf
Cher Pierre-William Glenn,
Le Conseil d´administration de la SRF se réjouit des bonnes nouvelles que vous annoncez dans votre lettre de la CST.
La qualité des projections à Cannes et ces distinctions à tous ces chefs-opérateurs de talent nous enchantent. Nous les connaissons et les apprécions ces artistes-techniciens, comme vous aimez à les définir, car nous travaillons avec la plupart d'entre eux. Une collaboration qu'ils font durer depuis de nombreuses années avec des réalisateurs qui n'ont pourtant - dites-vous aussi - d'autre programme que de faire tourner "le monde autour de leurs films à l'image de leurs petits égos".
Ajoutez à notre programme la politesse qui ne nous fera pas aller sur le terrain glissant de l'ironie déplacée et encore moins de l’insulte que vous maniez pourtant vous-même avec tant de panache. Nous nous permettrons juste de relever le paradoxe qui consiste à faire travailler si étroitement toutes ces personnes de grande qualité avec de si grotesques égos que les nôtres.
Oui, nous avons "pris le pouvoir" à la SRF en nous y faisant élire démocratiquement. Pour gonfler notre ego ? Non, vous savez bien que nous avons déjà les films pour cela. Nous nous sommes fait élire à la tête de cette association pour prendre la parole au sujet de cette convention collective et d'autres sujets d'importance. Une parole que nous n'estimions pas relayée par l'ancienne équipe qui a par ailleurs fait un grand travail sur de nombreux autres dossiers. Et le nombre important de nouvelles adhésions, si elles nous réjouissent car elles dénotent une prise de conscience de l'ensemble des réalisateurs aux problèmes qui nous concernent, raconte sans doute aussi combien notre inquiétude est partagée quant à la possibilité de continuer à faire ces mêmes films que vous vous réjouissez de projeter dans les salles du festival de Cannes, dans les années à venir. Car il s'agit bien de ces films là, pensés et fabriqués bien souvent dans des conditions de financement difficiles.
Preuve supplémentaire sans doute de notre immodestie, nous avons tendance à penser, cher Pierre-William Glenn, que les points de vue que nous exprimons au travers de nos films nous mettent à l'abri du qualificatif de "réactionnaire" que vous aimez nous attribuer. Ce qualificatif vous a sans doute échappé dans un moment d'allégresse alors que vous vous fêtiez comme il se doit l'extension de la convention collective qui va venir encadrer le travail sur les films. Dans l'absolu, nous devrions nous en réjouir autant que vous. Nous le disons sans ironie car nous n'avons cessé d'affirmer la nécessité d'une convention collective juste. Malheureusement, celle-ci ne nous semble pas l’être, trop dangereuse pour les jeunes techniciens et réalisateurs souhaitant accéder à nos métiers, et mettant en péril trop de films, trop d’emplois, alors que les mécanismes de financement des films n'ont pas été repensés en amont pour faire face à la future augmentation des budgets qu'occasionnera l'application de cette même convention. Le gouvernement en a décidé ainsi et nous le regrettons.
Mais il s'agit maintenant de nous mettre autour de la table pour réfléchir aux moyens de faire bouger les lignes et repenser le financement de ces films qui sont la raison d'être de notre engagement artistique. Sans ironie, sans colère, sans amertume, avec juste l'envie commune de continuer à faire exister ces films que nous voulons, comme vous, voir projeter dans les plus grands festivals du monde.
Bien cordialement.
Le Conseil d’Administration de la SRF