Le 12 juin dernier, la Société des réalisateurs de films lance une pétition pour la libération de Mahnaz Mohammadi, cinéaste et activiste iranienne, condamnée à 5 ans de prison et incarcérée depuis le 7 juin 2014 à la prison d’Evin, dans le nord de Téhéran. Plus de 2000 cinéastes et organisations du monde entier ont aujourd’hui signé.
http://www.la-srf.fr/article/pétition-pour-la-libération-de-mahnaz-mohammadi, si vous n‘avez pas encore signé la pétition, merci d’envoyer un mail à Hélène Rosiaux (hrosiaux@la-srf.fr)
Les Présidents de la SRF ont ensuite alerté par courrier les Ministres de la Culture et des Affaires étrangères, Aurélie Filippetti et Laurent Fabius (réponses ci-dessous). Une lettre a également été envoyée à Ali Janati, Ministre iranien de la Culture et de la Guidance islamique.
Deux ans de prison supplémentaires
Malgré une forte mobilisation, la situation de Mahnaz Mohammadi demeure plus que jamais alarmante .
Le 9 août dernier, elle a été convoquée devant le Procureur général de Téhéran, qui lui a donné une permission d’une semaine afin de lui permettre de faire des examens médicaux (elle est atteinte d’une maladie dégénérative proche de la sclérose en plaques).
De nouveau convoquée le 16 août (munie d’un certificat médical déconseillant fortement sa réincarcération), elle apprend alors que son dossier a été «ré-étudié » et qu’un délit a été «oublié » lors de son jugement, délit qui lui vaut automatiquement deux années de prison supplémentaires. Son passeport est également saisi pour éviter tout risque de fuite à l’Etranger. Un recours en appel est possible (seulement pour les deux années supplémentaires), mais c’est maintenant à 7 ans de prison que Mahnaz Mohammadi est condamnée, victime des rapports de force actuels en Iran. Malgré la pression des plus radicaux, le Procureur a décidé de prolonger sa liberté conditionnelle, afin de poursuivre ses examens médicaux à l’hôpital.
Dans le même temps…
L’European Film Academy mobilisait le monde du cinéma pour demander la libération d’Oleg Sentsov, cinéaste et activiste ukrainien, opposé à l’annexion de la Crimée et très actif sur le terrain (entre autres en approvisionnant des divisions encerclées et affamées de l’armée ukrainienne). Arrêté et « kidnappé » le 10 mai en Crimée par le Service Fédéral de Sécurité de la Fédération de Russie, Oleg Sentsov a totalement disparu pendant une quinzaine de jours, jusqu’à ce que la pression – essentiellement – européenne, oblige les russes a reconnaître qu’ils détenaient le cinéaste et qu’il était incarcéré dans une prison de Moscou (avec trois autres activistes arrêtés eux aussi mi-mai en Crimée) dans l’attente de son jugement. Oleg Sentsov a dit à son avocat avoir été torturé et menacé d’être « suicidé » avant l’ouverture de son procès. Une demande de liberté conditionnelle (en attendant le jugement) a été rejetée la semaine dernière. Son procès doit débuter le 11 octobre prochain. Accusé de terrorisme, ce qu’il nie totalement (comme ses trois co-accusés), il risque 20 ans de prison.
Deux chaises vides
La Mostra de Venise, dont l’ouverture a eu lieu ce mercredi, s’est également mobilisée et symbolisera son soutien à travers deux chaises vides dans le jury présidé par Alexandre Desplat. Une pour Mahnaz Mohammadi et l’autre pour Oleg Senstov.
Vous trouverez ci-dessous le communiqué de presse de la Mostra et un article (en anglais) très complet sur la situation d’Oleg Sentsov.
La SRF demande la libération immédiate de Mahnaz Mohammadi et Oleg Senstov.
Elle appelle ses adhérents, les professionnels du cinéma, mais aussi les personnalités politiques en Europe et, plus largement, les défenseurs des droits de l’homme à participer à toutes les initiatives permettant de manifester leur soutien aux deux cinéastes.
Nous avons le devoir de protéger les cinéastes, et tout particulièrement ceux qui utilisent le documentaire comme une “arme” confrontant le réel à la propagande - plus que jamais témoins engagés de leur temps à l'ère d'Internet.
Nous n’accepterons jamais qu'un des nôtres, avec sa vision unique et singulière, soit enfermé, ou persécuté, à cause de son engagement ou de son travail. Ces cinéastes, où qu'ils vivent et quelques soient les raisons de ceux qui les oppressent, sont unis par une même nécessité : celle de faire évoluer le monde. C'est pour cela qu'on les persécute, et c'est pour cela qu'il nous faut à tout prix préserver leur liberté.
> Pour en savoir plus sur le cas Oleg Sentsov : ici
Contact SRF : Hélène Rosiaux, hrosiaux@la-srf.fr
01 44 89 99 65