Les « Assises pour la diversité du cinéma français » ne font que commencer. Est-il possible d’évoquer ce qui déstabilise notre système et finira par le mettre à genoux ?
La diversité est bonne fille. Par les temps qui courent, elle n’a pas que des amis. Ils sont venus, ils sont tous là, entourant celle que l’on dit souffrante et menacée… Mais est-ce la diversité qui rend l’âme, ou bien le cinéma français qui souffre d’un autre mal plus insidieux, plus sournois, plus profond ?
Les « Assises pour la diversité du cinéma français » ne font que commencer. Est-il possible d’évoquer ce qui déstabilise notre système et finira par le mettre à genoux ?
Est-il légitime de se demander si la redistribution de la richesse produite est encore au service de la création ?
Qu’arrive-t-il à notre cinéma ?
Quand tant d’écrans sont occupés par si peu de films.
Quand de plus en plus de films ne sont programmés que dans quelques salles à des horaires improbables.
Quand il n’existe que 5 à 6 guichets ou se joue le sort du film, son existence.
Quand la relation des cinéastes et de leurs producteurs aux diffuseurs, aux distributeurs et aux banques pousse à l'uniformité des styles, des castings et des formats pour ne pas dire à l'auto censure.
Quand le temps de l’écriture et de la conception est toujours si peu valorisé.
Quand tourner un film coûte que coûte pousse trop souvent à malmener le travail et les métiers de celles et ceux qui le fabriquent avec nous.
Quand il est si difficile de réaliser un second film après le premier, et plus encore un troisième.
Quand pour un cinéaste, il s’écoule de plus en plus de temps entre deux films.
Que nous arrive-t-il ?
La fin d’un âge d’or ? Non.
C’est le système qui est à bout de souffle. Certains en vivent encore, d’autres n’y trouvent déjà plus leur place.
Pourtant nous sommes tous les héritiers d’un modèle unique au monde.
Nous en sommes comptables.
Alors c’est maintenant qu’il faut agir, sans tabou ni corporatisme.
Donnons nous les moyens de redonner à notre système mutualiste la vertu fondatrice qui a permis au cinéma français de rester debout.
Donnons nous les moyens d’une répartition équitable de la richesse pour mieux financer les films, tous les films.
Donnons nous les moyens de porter haut et fort en Europe l’exigence de l’exception culturelle.
C’est un aggiornamento que nous voulons voir à l’ordre du jour de ces Assises. C’est aux pouvoirs publics de nous en garantir les moyens et la finalité. Pour que vive le cinéma, tout le cinéma !
La SRF, Société des réalisateurs de films.