Communiqué | Hommage à Laurent Cantet

Communiqué de presse
26/04/2024

Communiqué
26 avril 2024

 

L'homme intègre

 

« C’est avec une énorme tristesse que j’ai appris cet après-midi, durant mon tournage, la mort de Laurent Cantet.

Je savais qu’il était malade mais, naïvement, je n’imaginais pas qu’il pouvait partir… Ça fait des années qu’on se côtoyait : militants depuis des années à la SRF, co-fondateurs avec Pascale Ferran et Alain Rocca de LaCinetek, compagnons de route depuis des décennies en parallèle de nos parcours de réalisateurs pourtant si divergents.

On a passé tant d’heures ensemble. 
J’ai passé des heures à écouter sa voix si posée et si paisible proposer sans jamais faiblir des convictions si affirmées. 

Il avait une pudeur folle, une courtoisie infinie qui pouvait accompagner avec élégance sa façon d’être radical.
Un mot revient dans ma tête en pensant à lui : « Intégrité ». 
J’ai rarement vu quelqu’un d’aussi intègre, aussi « droit ». 

Ce n’était pas un doctrinaire loin de là. Plus que des règles, il avait des valeurs. Il mettait du temps à formuler ses opinions car il avait l’élégance de l’écoute et avant de se prononcer, il laissait beaucoup parler les autres. Quand il prenait finalement la parole, c’était très difficile de ne pas tomber d’accord avec lui. Il avait du goût, il avait de la classe…

Nous avons eu ce rêve commun avec Pascale Ferran et lui d’inventer LaCinetek un jour que nous sortions d’une réunion de la SRF. On voulait profiter de l’essor de la VOD pour mettre en valeur l’histoire du cinéma en pensant avant tout aux jeunes générations.
Nous nous sentons ce soir bien orphelins avec l’équipe de LaCinetek, car Laurent a beaucoup apporté à ce rêve collectif.

Au sein de cette association, il avait une attirance infinie pour l’altérité avec un respect pour l’affirmation des auteurs. Mettre en valeur la singularité de leurs personnalités et les transmettre intactes aux jeunes générations, c’était son crédo. Il avait ainsi participé à différentes actions similaires comme « passeurs d’images » qui étaient tournées vers la culture et le partage du savoir. Celui qui, auprès des médias, va rester comme un des rares réalisateurs français qui a eu une palme d’or (avec Entre les murs) va juste nous manquer au quotidien.

J’avoue que c’est difficile ce soir de parler de lui à l’imparfait. 
C’est assez difficile d’admettre qu’on ne va plus se voir, plus se parler. 
J’ai juste envie d’utiliser le futur et affirmer qu’il sera toujours là. »
 

Cédric Klapisch, vice-président de la SRF
La Société des réalisatrices et réalisateurs de films