Lettre ouverte au Président de la République

Lettre ouverte
27/06/2013
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Paris, le 27 juin 2013.

Monsieur le Président de la République,

 
Il y a quelques jours, nous avons gagné une bataille décisive afin que la haute idée que nous nous faisons de la culture se traduise en acte au sein de l’Union européenne et que perdure l’exception culturelle.
 
Pour cela, tout le secteur du cinéma s’est mobilisé en harmonie avec les ministres de votre gouvernement.
 
Pourtant, dans le même temps, le tissu du cinéma français - ses forces vives : techniciens, réalisateurs, producteurs - se déchire comme jamais à propos de la convention collective signée par l’API (les quatre grands groupes français de production mais surtout d’exploitation) et la plupart des syndicats de techniciens.
 
Nous sommes convaincus qu’une convention collective qui garantisse une juste rémunération à ceux qui fabriquent les films et encadre leurs métiers est absolument nécessaire. Mais nous redoutons que la convention API/SNTPTC - signée sans l’accord des producteurs indépendants qui représentent pourtant plus de 90% de la production française – soit dommageable, au moins à court terme, à la vitalité et la diversité du cinéma français.
 
Comme vous le savez, l’économie de notre cinéma souffre depuis des années de maux endémiques : sous-financement d’une large partie des films les plus ambitieux artistiquement, délocalisations qui s’aggravent, dégradation des conditions de travail… Certes, cette convention répond à la détérioration des salaires des techniciens, mais elle le fait sans prendre en compte la réalité économique du secteur et sans qu’ait été menée en parallèle une réflexion sur son sous-financement.
 
Aujourd’hui, vos ministres s’apprêtent à étendre cette convention au 1er juillet.
Nous savons que la plupart des techniciens s’en réjouiront et une part de nous-même s’en réjouira avec eux. Mais ces réjouissances risquent d’être de courte durée si nos inquiétudes, renforcées par le rapport du Médiateur, se révèlent fondées et que cela s’accompagne dans les prochains mois d’une baisse importante du nombre de films produits, de délocalisation accrues pour tenter de compenser le surcoût que cette convention entraînera ou d’une réduction des temps de fabrication, dommageable tout autant à la qualité de nos films qu’à l’emploi de ceux qui les fabriquent.
 
Enfin, cette convention, en tirant les salaires de l’ensemble de la profession vers le haut, conforte les techniciens installés mais risque, en contrepartie, de rendre bien plus difficile l’accès des jeunes à nos métiers ; accès auquel vous êtes vous-même tant attaché.
 
C’est pour toutes ces raisons que nous vous demandons solennellement, Monsieur le Président, de poursuivre la médiation que votre gouvernement a initié il y a quelques mois de cela et de rouvrir ultimement la voie du dialogue afin de ne pas risquer d’affaiblir un secteur qui est un des fleurons de notre patrimoine commun.
 
Nous vous demandons de croire, Monsieur le président de la République, à l’assurance de notre très haute considération.

 

Le Conseil d’administration de la Société des réalisateurs de films (SRF) :
Stéphane Brizé, Laurent Cantet, Malik Chibane, Catherine Corsini, Nicolas Engel, Frédéric Farrucci, Pascale Ferran, Robert Guediguian, Agnès Jaoui, Cédric Klapisch, Helena Klotz, Sébastien Lifshitz, Katell Quillévéré, Christophe Ruggia, Pierre Salvadori, Céline Sciamma, Lidia Terki, Anne Zinn-Justin

 

Contact :
Cyril Seassau, Délégué général
14, rue Alexandre Parodi - 75010 Paris
+331 44 89 99 65
Convention collective cinéma